Novembre est le mois du NaNoWriMo, et ça tombe bien, j’ai un premier jet à finir d’écrire. Il s’agit de mon troisième roman, je devrais avoir l’habitude de cette phase créative, mais en réalité, non. Chaque projet d’écriture est différent, et surtout : il faut que je négocie avec mon cerveau !
Dans ce billet, je vous fais part de mon expérience en 3 points :
- les recherches préliminaires à l’écriture
- L’hyperactivité de l’imagination lors d’un premier jet
- la pression des objectifs de volume et vitesse d’écriture
- Introduction
Roman numéro trois est celui que j’attends d’écrire depuis des années, et j’aimerais bien que son premier jet soit un peu moins mauvais que celui de numéro deux (vous la voyez, l’ambition de l’autrice super sûre d’elle-même?).
2- Les recherches, ce puits sans fond
J’en arrive au contexte de mon premier conseil en prenant pour exemple mon expérience d’écriture du moment :
Le sujet, le décor, le thème, les personnages, tout m’enthousiasme dans ce futur roman ; j’ai soigneusement (presque trop) préparé ce projet, au prix de nombreuses recherches et lectures, visionnage de vidéos, etc. J’ai failli me perdre dans mes recherches (la danse, ce sujet inépuisable pour moi) : ce fut mon obstacle numéro un. Pourquoi ? Parce que mon cerveau adooooooore qu’on l’alimente en culture, en lecture, en plein de trucs. Il ronronne quand je bouquine, quand je regarde un documentaire, etc. Mon cerveau, cette éponge universelle.
J’ai passé cet obstacle en discutant avec mes amies autrices et j’ai enfin décidé de calmer le jeu sur la préparation, parce qu’il est facile de simplement déguster livres et films et de ne rien écrire pendant ce temps-là.
Parce que, voilà.
Pour écrire un roman, eh bien il faut s’y mettre, se jeter à l’eau, et BOSSER SUR LE TEXTE.

- C’est mon conseil numéro un : arrêtez de repousser sans fin l’écriture au prétexte que « vous ne connaissez pas assez bien votre sujet ». Si vous l’avez choisi pour écrire, ce n’est pas par hasard, et l’élan de la créativité n’attendra pas indéfiniment que vous ayez acquis la somme totale des savoirs de l’Univers ! Lancez-vous, vous vous occuperez des éventuelles inexactitudes plus tard, en phase de correction.
Lorsque vous aurez un texte écrit, vous pourrez au besoin demander de l’aide à des spécialistes pour resserrer les boulons. Plein d’auteurs le font, et remercient les contributeurs pour leur aide.
A chaque phase ses besoins : en premier jet, il faut obtenir une base de travail.
Note : cette partie-là a été très bloquante pour moi lorsque j’écrivais de la SF, à cause de mon manque de bagage scientifique et le fait que je ne savais pas à qui m’adresser pour obtenir de l’aide. C’est une des raisons qui font que je me suis éloignée du genre.
Note bis : en écrivant ce billet, je me rends compte que ce réflexe de recherches extensives est une forme vicieuse du syndrome de l’imposteur. Qui suis-je pour écrire sur la danse ? Qui suis-je pour écrire tout court ? FAITES TAIRE CE SALOPARD DE SYNDROME QUI NE VOUS AIDERA JAMAIS ! Son objectif est de vous faire dire « à quoi bon » ? Alors, chassez-le de votre vie et écrivez ce qui vous chante !
2 L’hyperactivité de cette coquine d’Imagination
On passe au deuxième conseil :
Actuellement numéro trois en est à 83 ksec, c’est pas mal : j’ai installé les personnages, les enjeux, l’antagoniste, l’univers. Je n’ai aucune raison de bloquer.
Ben si.
Mon cerveau m’enquiquine (pour rester polie).
Mon Imagination, adolescente joyeuse (oui, elle est restée jeune), est en train de se jeter partout dans ma boîte crânienne en rebondissant sur les parois. Et cet abruti de cerveau rentre dans son jeu.
Elle :
— Et s’il arrivait telle chose à tel perso, ça rajouterait de la tension ? Hein ? Hein ?
Mon cerveau :
— Ouéééé, super idée !
Et vas-y que, de préférence au moment où j’entame une phase d’écriture, mes mains suspendent leur élan et restent au-dessus du clavier.
Et je vais noter l’idée, réfléchir, écrire zéro pendant que je fais ça.
Nouvelle phase où je me recentre sur la scène que je suis en train d’écrire, je mets de la musique pour bien m’immerger dans le sujet (j’alterne entre Tchaïkovski et Debussy, c’est top), et paf, une autre idée surgit, portée par Imagination qui balance des pétales de roses devant elle avant de danser le jerk.
— Et si Machin devenait le love interest de Truc ? Hein ? Hein ?
Mon cerveau :
— Heuuu, pourquoi pas ? Ouéééé !
Moi : NOON ! Pas d’histoire d’amour là-dedans, ce sera une histoire sur la relation mère-fille, purée !
Imagination, en larmes :
T’es sûre ? Mais voyons, tout le monde aime les histoires d’amour !!!
Cerveau :
— Elle a pas tort… à moins que, peut-être…
Bref, il va falloir canaliser tout ça.
- Conseil numéro deux : se recentrer sur les personnages et sur ce qui sert l’histoire. Cette histoire d’amour, est-ce qu’elle ferait avancer l’histoire ? Non ? Alors, poubelle ! Ce personnage secondaire, il a un vrai rôle à jouer ? Alors, dehors !
Oui, je suis impitoyable mais si on veut avancer et éviter de laisser partir un texte dans tous les sens, il est nécessaire d’avoir au moins une idée claire de ce que l’on veut faire. Quelle est votre intention derrière l’écriture de ce roman ? Au fond, quel est son thème ?
(le thème profond peut apparaître en cours d’écriture, mais on peut déjà savoir ce qu’on ne souhaite pas écrire avant, et donc ne pas s’embarrasser de tropes, personnages, péripéties, inutiles)
3 – 10 000 sec par jour, vraiment ??
Enfin, durant le NaNoWriMo, il y a la pression du volume à produire : en ce mois de novembre, et même durant le reste de l’année, vous tomberez sur des posts enthousiastes d’auteurs et autrices super fiers de leurs avancées, qui vous brandiront sous le nez leurs centaines de milliers de signes écrits sans peine en quelques semaines. Et vous, comme moi, vous regarderez vos propres avancées, pourtant réelles, avec déception. Sauf si vous suivez mon troisième conseil :
- Travaillez pour vous. Ne vous comparez pas aux autres, ça ne sert à rien. Vous avez votre rythme, votre roman avec ses contraintes et difficultés. Vous avez besoin de votre énergie pour vous-même, alors si ça vous amuse, allez agiter les pompons et sortez les félicitations pour tous les autres, mais ça non plus ne vous fera pas avancer. Prenez garde à ne pas vous attrister si vous n’arrivez à écrire que quelques milliers de signes par jour et que vous vous sentez loin des sacro-saints 10 ksec quotidiens du NaNoWriMo. Ce que vous arriverez à écrire sera toujours mieux que celles et ceux qui en sont encore à faire des recherches (voir conseil numéro 1) ou celles et ceux qui se laissent embarquer par 10000 idées à la seconde (conseil numéro 2) . Écrivez et chaque phrase est une brique de plus de votre œuvre. Dites-le à votre cerveau, pour qu’il garde le moral !
J’ai déjà écrit un roman en suivant les « règles » du NaNoWriMo : tenir les 10 ksec par jour, ne pas se relire. Je l’ai fait, et franchement ce n’est pas difficile en soi. En faire un bon livre, ce fut une autre affaire parce que ce premier jet était… bref.
Voilà, je vous souhaite avec tout ça un bon mois de novembre créatif. Ecoutez vos envies, arrêtez de procrastiner en vous demandant si vous êtes légitime à écrire sur un sujet, faites taire les distractions (et demandez à votre cerveau de se calmer, purée) et sortez ce roman du néant. Il se trouve des lecteurs qui, même s’ils l’ignorent encore, attendent pour le découvrir !
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