Nouvelle classe, nouvel atelier

Il y a deux ans, j’ai animé un atelier d’écriture au long cours au lycée des métiers Gergovie de Clermont-Ferrand, auprès d’une classe de première ECP (Esthétique, cosmétique et parfumerie).

J’ai adoré cette expérience, et espérais pouvoir la réitérer.

L’an dernier, avec un autre type de programme, j’ai aidé à faire écrire des jeunes filles de CAP (en esthétique, toujours) et ai beaucoup aimé les voir petit à petit prendre confiance en elles.

2024 marque pour moi le retour en classe de première, avec une classe de 24 futurs coiffeuses et coiffeurs. Je suis très heureuse de repartir sur un projet long, sur 6 séances. Les élèves travaillent par petits groupes de 2 à 3 élèves pour écrire des nouvelles. Ces premiers jets doivent être terminés en janvier afin que nous ayons ensuite le temps de les corriger à fond.

Je tiens à leur enseigner mes méthodes de correction de textes, à savoir la bêta-lecture, qui permet de faire lire et commenter son texte par d’autres à qui l’on rend le même service. Etudier un autre écrit que le sien permet de prendre de la hauteur, de se rendre compte de défauts que l’on a peut-être aussi soi-même, et d’aider les collègues tout en s’aidant soi-même.

C’est aussi une école de bienveillance : on ne dit pas à un autre écrivain “cette phrase est nulle, je n’y comprends rien ” mais “je ne comprends pas bien ce que tu veux dire, pour telle ou telle raison. Peux-tu préciser cette phrase ?”. La deuxième version est bien plus respectueuse et l’accueil de la critique en devient plus douce.

Il y a deux ans avec les futures esthéciennes du même lycée.

L’important à mes yeux est de rendre l’acte d’écrire plus facile, moins imprégné des enjeux scolaires. Il faut que le regard que les élèves portent sur leur écrit change d’angle, avec un enjeu clair : attraper le lecteur, lui donner envie de lire la suite, d’aller au bout du texte.

Je ne leur parle d’orthographe et de grammaire qu’une fois le premier jet écrit. Le fond est la première étape, et même avant, le synopsis. Avec leurs professeures, nous les plongeons dans cet exercice difficile, de résumer l’histoire qu’ils vont écrire du début à la fin. Ah, la fin ! Comme c’est parfois compliqué de retomber sur ses pieds alors qu’on a déjà imaginé un début, un milieu d’histoire !

C’est un bel exercice de transmission où j’adapte mes conseils aux différents petits groupes : tous n’avancent pas au même rythme, les consignes sont parfois difficiles à mettre en oeuvre quand on n’est pas un gros lecteur soi-même. Et à l’opposé se trouve un ou deux groupes très à l’aise, qui ont déjà un sens du récit, du suspense, qui savent faire “sonner” un dialogue. Je suis impressionnée par ces jeunes qui ont déjà l’écriture dans leur poche. Je me retrouve un peu en eux, en repensant à la jeune fille que j’étais à 17 ans et qui écrivais son premier roman à la main, dans un cahier d’école. Je n’avais jamais rencontré un auteur “en vrai” et n’avais aucun contact dans le milieu littéraire. Si j’avais pu parler à un écrivain à cette époque, je pense que ma vie aurait été différente. J’aurais peut-être osé me lancer plus tôt en écriture.

Mais je ne vais pas refaire l’histoire déjà écrite. Je vais plutôt continuer à piloter toutes ces jeunes énergies vers l’aboutisssement de ce travail durant les 6 prochains mois : nous aurons alors une dizaine de nouvelles, travaillées, mises en page, illustrées aussi peut-être, et en septembre Les Aventuriales auront une nouvelle anthologie de nouvelles lycéennes, une vraie fierté pour ces lycéennes et lycéens, pour leurs professeures, et pour moi aussi. Et j’ai toujours au fond de moi l’envie, le rêve, que cet atelier donne une impulsion à l’un ou l’une d’entre eux et que ce jeune se lance dans son premier roman en se disant “Pourquoi pas ?”.

Bien sûr, “pourquoi pas” ? D’autres ont commencé ainsi. Et même si c’est dur, et même si c’est du boulot, et même s’il y a des échecs, c’est une belle aventure.


Comments

2 responses to “Nouvelle classe, nouvel atelier”

  1. Escrocgriffe Avatar
    Escrocgriffe

    C’est tellement merveilleux, ce sentiment d’être si utile, je comprends exactement ce que tu ressens… Bravo ❤️❤️❤️

    1. Dominique Lémuri Avatar
      Dominique Lémuri

      Oui, tu connais bien cette impression, toi aussi. Merci !

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