Choisi en fonction de ses évaluations sur Babelio, à la suite d’une recherche sur la littérature vietnamienne, j’ai acheté ce roman en poche et l’ai lu en fin d’année 2022.

Il a répondu à deux besoins : faire vivre ma page Lire autour du Monde qui vivote, il faut le reconnaitre (alors que j’ai lu des romans d’auteurs anglo-saxons, quand même) et nourrir un peu ma petite culture vietnamienne, comme je suis en train d’écrire un roman avec une héroïne ayant la double nationalité, française et vietnamienne.
Ce roman est très éloigné de mes lectures habituelles mais je ne regrette pas le voyage, même s’il m’a paru parfois un peu long.
4ème de couverture :
Alors qu’elle rentre d’une journée en forêt, Miên, une jeune femme vietnamienne, se heurte à un attroupement : l’homme qu’elle avait épousé quatorze ans auparavant et qu’on croyait mort en héros est revenu. Entre-temps Miên s’est remariée avec un riche propriétaire terrien, Hoan, qu’elle aime et avec qui elle a un enfant.
Mais Bôn, le vétéran communiste, réclame sa femme. Sous la pression de la communauté, Miên retourne vivre avec son premier mari.
Au fil d’une narration éblouissante, l’auteur plonge dans le passé de ces trois personnages, victimes d’une société pétrie de principes moraux et politiques, tout en évoquant avec bonheur la vie quotidienne de son pays, ses sons, ses odeurs, ses couleurs…
Terre des oublis, roman de l’après-guerre du Viêtnam, est un livre magistral.
Mon avis : d’abord, j’ai pris une grosse claque culturelle. L’après-guerre du Vietnam, c’est 1975 environ, j’avais 11 ans et je vivais en France. Le mode de vie à la même époque au Viêtnam, la mentalité, les croyances, le poids terrible du qu’en-dira-t-on, et la place des femmes dans cette société… ce n’est pas un fossé, c’est un gouffre.
Terre des oublis, c’est un peu un Retour de Martin Guerre (référence ancienne (1982) mais film qui a marqué son époque, voir ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Retour_de_Martin_Guerre
C’est un Retour de Martin Guerre, donc, mais dans une situation inversée : là où la veuve du Retour accueillait un usurpateur avec bonheur dans sa vie, Miên vit un cauchemar avec son vrai mari revenu d’entre les morts.
Bref, un roman qualifié de chef-d’œuvre dans de nombreuses critiques, mais où je me suis un peu ennuyée. Cest une histoire d’amour malheureuse sur fond d’après-guerre. Je crois que les explications longuettes sur les sentiments des personnages m’ont lassée (je pense que plus court suffisait). L’histoire n’est pas inintéressante mais ce n’est pas non plus passionnant. Les hommes sont à peu près insupportables, tous très portés sur le sexe : ils en parlent entre eux, considèrent que c’est un besoin qui doit être satisfait par les femmes, qu’elles soient consentantes ou non. Ils se passent des recettes de décoctions pour que « la chose » se passe bien pour eux. Pour une lectrice européenne du XXIè siècle, ils feraient presque pitié s’ils n’étaient si égoïstes ; ils ont aussi un souhait fort de faire plein d’enfants pour assurer leur descendance, même s’ils ne sont pas capables de travailler pour les nourrir. C’est d’ailleurs le but de Bôn, revenu de la guerre très diminué et incapable de travailler : il veut faire un enfant à Miên pour l’obliger à rester avec lui. À noter que la solidarité familiale est une valeur très importante dans cette société et qu’en parallèle l’État (et sa déclinaison locale, ainsi que le parti communiste) n’apporte aucune aide (à la sortie de la guerre, le pays devait être exsangue), à part faire pression sur les individus, en premier lieu les femmes. Elles subissent donc beaucoup, les hommes attendent d’elles qu’elles se sacrifient pour eux et les enfants. Je ne vais pas dire comment Miên se sort de cette situation détestable, mais je me suis dit « Tout ça pour ça » et « ouf »…
J’ai apprécié la poésie des descriptions de la nature, l’enchainement des saisons, la description des recettes de cuisine (mon côté gourmande curieuse qui s’éveille) et le lent cheminement de Miên vers la liberté.
Le bouquin est néanmoins plus intéressant quand on se renseigne sur son autrice. Elle ne vit plus au Vietnam car elle y a été emprisonnée pour ses idées non conformes au régime. Féministe, prônant la liberté dans ses ouvrages, Duong Thu Huong vit en France depuis de nombreuses années. Terre des oublis y a d’ailleurs reçu le prix des lectrices de Elle en 2007.
Voici sa page Wikpedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C6%B0%C6%A1ng_Thu_H%C6%B0%C6%A1ng
En conclusion : pas trop mon genre de littérature (près de 700 pages de vie quotidienne et de bonshommes bien sexistes furent un brin pénibles…), mais j’ai apprécié la plongée culturelle et historique. C’est ce qu’on appelle « sortir de sa zone de confort »…
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