Je viens de terminer de lire une anthologie bien particulière pour laquelle, exceptionnellement, je vais faire un retour détaillé.
J’y ai placé une nouvelle, mais ce n’est pas le sujet. Je n’ai pas l’intention de m’auto-chroniquer !
Un des intérêts de cette anthologie, intitulée Etrange K.Dick, est qu’elle mêle des textes d’auteurs déjà édités pour plusieurs ouvrages et celles de nouveaux auteurs dont c’est la première publication. Ces derniers sont membres d’un atelier d’écriture animé par Jean-Sébastien Guillermou. Franchement, il est souvent difficile de distinguer les primo-publiés des autres, dans ce livre !:)
A noter pour les esprits pinailleurs, que le titre est un jeu de mots, et non une erreur résultant de la méconnaissance du patronyme de Philip Kindred Dick. A titre personnel, je le trouve plutôt futé, car il s’agit bien de parler du cas Dick, en tant qu’auteur de thèmes majeurs en science-fiction, inspirant encore aujourd’hui de nombreux écrivains. Pour finir, notez que c’est la première anthologie d’un nouveau festival, Etrange Grande, que j’ai eu la joie de voir naître.
Comme j’ai bien aimé ma lecture, c’est parti :
- Samsara de Victor Fleury : une histoire de boucle temporelle assez classique où l’auteur met de côté le paradoxe pour proposer une réflexion sur la responsabilité et le poids que nous portons lorsque l’on nous assigne des tâches trop lourdes pour nos épaules.
- Patiente 78649 d’Anne Kaufmann : une histoire très prenante, qui commence avec un brin de légèreté, quoique… la protagoniste vit les difficultés économiques de notre époque, et prend un ton parfois léger pour mieux encaisser les obstacles sur sa route, c’est plutôt bien vu ! Finalement la nouvelle aborde le sujet fort de la mémoire, et se termine en hommage à une très grande dame de notre Histoire. Une de mes préférées du livre !
- Imperceptible glissement du temps de JC Gapdy : le prolifique auteur nous livre une très belle histoire, mettant en scène des personnages atypiques, ayant tiré des cartes pas forcément faciles au jeu de la vie. Un père à double personnalité, un petit garçon porteur de troubles cognitifs forment un duo/trio attachant, mettant en œuvre leurs personnalités et leurs qualités pour résoudre une énigme. Une réussite que ce texte, un coup de cœur.
- Déconnexion de Aurélie Sellier : une dystopie qui évoque Matrix et d’autres récits présentant une humanité privée de son libre-arbitre et assujettie à des Programmes. Des dissidents cherchent à délivrer des sujets de cet esclavage inconscient. Efficace.
- Cthulhu rêve-t-il de chats électriques ? d’Augustin Begom : très joli exercice de style, clin d’oeil à Lovecraft, Howard et Dick en une manière de rencontre croisée. J’ai beaucoup aimé ce texte, court et à l’écriture impeccable.
- Label Rouge d’Alex Mauri : où le concept de mère-porteuse est poussé au paroxysme. Alex nous livre un nouveau texte fort sur la maltraitance animale et le désir d’enfant au sein d’une humanité en voie de disparition. Quelle qu’elle soit, une Mère reste une Mère… La fin est pour le moins brutale. Un texte à ne pas manquer !
- Les voix du désespoir de Laetitia Bervick : encore un texte fort, poignant même. Très émouvant avec une fin lumineuse. Bravo.
- Descente aux enfers, de Frédérique Lorient : une nouvelle qui évoque le thème de l’après-mort, et de l’hypothèse de recréer nos défunts virtuellement grâce aux traces numériques laissées derrière eux. Classique mais bien faite.
- Pourquoi les cyclones n’ont-ils qu’un œil ? De Carwyn Tomas : une amusante rencontre entre l’auteur et PKD, dans un univers où la réalité joue à cache-cache. Très sympa !
- L’autre de Lorraine Diaz-Caneja : très courte (trop?), cette nouvelle m’a un peu laissée sur ma faim. Pourtant l’idée est intéressante et le style immersif, avec cette héroïne en proie à des hallucinations… ou à autre chose ?
- Sorti de la terre de Raymond Milési : une ambiance à la John Carpenter pour ces phénomènes insectiformes hantant une ville (Metz, je pense) dans les années soixante-dix. Les clins d’œil à l’époque sont savoureux.
- L’effroyable formulaire BE314 d’Anne-Lorraine Wagner : un texte émouvant et prenant, référence directe aux répliquants de Philip K. Dick, avec des pointes d’humour en prime. Un de mes préférés.
- Hôtel Siva de Jean-Sébastien Guillermou : une belle histoire de rencontre dans un hôtel fantastique, référence à une visite de Philip K. Dick à Metz en 1977 qui a réellement eu lieu.
En conclusion, une anthologie très intéressante comprenant une belle série de pépites, dont certaines de nouveaux auteurs prometteurs. A noter la belle couverture accrocheuse composée par G. Claustriaux.

Je suis fière d’en être avec mon Tat-Cret, mais je laisserai à d’autres le soin d’en parler:)
Un commentaire sur “Lecture : Etrange K. Dick”