Voici mon retour de lecture sur ce numéro de l’excellente revue AOC (Aventures Oniriques et Compagnie) qui parait trimestriellement sous la houlette du club Présences d’Esprits. Ledit club publie également une revue éponyme qui vient de fêter son 100ème numéro ! Bravo à toute l’équipe de passionné.e.s !

Déjà, très belle couverture signée Marion Bouzir. Un dragon qui n’a pas l’air de plaisanter, aux couleurs froides rehaussées par des yeux et une gueule que l’on devine brûlants… La présentation d’AOC n’a cessé de s’améliorer ces dernières années, adoptant désormais couverture en couleur, papier de qualité… c’est un plaisir en soi de la tenir en main.
Les nouvelles de ce numéro :
L’autre fille de Marjorie Wirzbicki :
Dans cette nouvelle, l’autrice présente la dérive d’un personnage peu à peu happé par un monde tiré de son imagination (mais s’agit-il bien de cela, ou plutôt n’aurait-elle pas découvert une porte vers une autre dimension bien réelle ?). Une belle réussite que ce texte, bien construit, avec l’avènement de l’étrangeté par touches précises.
Avec un homme de la Lune de Phil Becker : très bonne histoire post-apocalyptique, où l’on suit une femme sur plusieurs décennies dans son intégration, bien malgré elle, au sein d’un groupe de nomades violents. Les zonards errent au sein d’une Terre mourante pour dénicher ici et là les derniers reliquats de nourriture ou de matériel leur permettant de survivre. Touchés par des mutations, ils n’ont guère d’espoir d’améliorer leur sort. Seule la perspective de rejoindre celles et ceux qui se sont réfugiés sur la Lune leur permet d’avancer… Un texte désespérant, servi par une plume pleine d’émotion. J’ai beaucoup aimé.
Jusqu’à la source de Pascal Malosse : je connais le travail de l’auteur par une de ses publications chez Malpertuis, le récent roman les fenêtres de bronze. Dans cette nouvelle, on suit un couple vieillissant parti pour une cure de rajeunissement qui les mènera bien plus loin qu’ils ne l’escomptaient. Une belle histoire dont la fin est un peu prévisible mais le déroulement subtil en fait une lecture très agréable, et bien écrite.
Les textes lauréats du match d’écriture des Imaginales 2019 : il s’agit d’un concours d’écriture par équipe, en temps limité et sous contrainte(s) dont les nouvelles produites m’étonneront toujours (je suis très mauvaise à ce type d’exercice, donc j’admire les auteurices capables de s’y prêter avec succès)
Le prix d’une tête par Jérôme Coussanes : mon texte préféré de cette fournée, avec une triple contrainte incluant « une vieille Marraine » (pas trop dur), « un mythe par jour » (plus compliqué) et « coincé dans une faille temporelle ». Le résultat est bluffant, j’ai beaucoup aimé.
Hoka par Camille Morvilliers : avec des contraintes de « à la recherche des heures perdues », le Sort ultime, et « un congrès », l’autrice a tiré habilement son épingle du jeu. Ce n’était pas facile de combiner le tout, j’imagine.
Plus on regarde et moins on voit par Fabien Nicolas : l’auteur a pris une des contraintes pour titre, à marier avec « un abattoir de licornes » (j’avoue que j’aurais été tentée…) et « au sommet du mât ». L’angle d’attaque est surprenant et l’abattoir assez vite escamoté (rhaaa… mon côté sadique, désolée) mais l’histoire se tient et en environ 2 h, je trouve le résultat intéressant.
En conclusion : un numéro excellent où pour 3,5 petits euros, j’ai profité des textes variés, de grande qualité, et découvert de nouvelles plumes. Je suis abonnée depuis plusieurs années aux parutions de Présence d’Esprits, je vous les conseille vivement.